Et si on glanait pour moins gaspiller… ?

15 mars 2023

Le glanage revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Il faut dire que cette pratique ancestrale longtemps oubliée présente beaucoup d’attraits : elle pourvoit les associations d’aide alimentaire en produits frais, participe à la lutte contre le gaspillage alimentaire et se révèle un excellent vecteur de solidarité et de mixité sociale. Et si on s’y mettait tous ?

Cet article est issu de la table ronde sur le thème du glanage solidaire organisée par SOLAAL le 2 mars dernier au Salon International de l’Agriculture, à l’occasion du 10e anniversaire de l’association.

Le glanage est un droit très ancien qui autorise des individus à ramasser ou cueillir après récolte, sur le terrain d’un autre, avec l’accord du propriétaire. Encadrée par une convention établie avec le producteur et l’organisme qui réalise le glanage, cette initiative permet de récupérer des produits végétaux au sol ou sur pied et non ramassés par le producteur, soit en raison de leur calibre, soit par impossibilité technique. Le conventionnement avec une association, tel que le propose SOLAAL, offre un cadre formalisé et rassurant pour tous les intervenants, tout en favorisant l’insertion des personnes en difficulté et la mixité sociale.

Une affaire de rencontres

Luc Barbier, producteur de mirabelles en Meurthe-et-Moselle et président de SOLAAL Grand Est, a tenté l’expérience l’été dernier. Dans ses vergers, de nombreux fruits restent sur les arbres après la cueillette mécanisée. Un glanage, organisé par la Croix-Rouge a sauvé 500 kg de mirabelles, un produit de qualité particulièrement apprécié par les bénéficiaires. Pour lui, le glanage est avant tout une affaire de rencontres.
« Je suis resté dans le verger avec les bénévoles, a-t-il expliqué. J’ai pu expliquer mon métier et échanger avec des personnes que je n’aurais jamais rencontrées autrement. Le glanage, c’est l’opportunité de s’ouvrir aux autres ! »

Une relation basée sur le respect

De son côté, Évelyne Fuld, vice-présidente des Restos du Cœur d’Indre-et-Loire, se rend régulièrement, avec des bénévoles, sur l’exploitation maraîchère d’Angélique Delahaye, la présidente de SOLAAL.
« L’organisation a été un peu difficile au départ mais avec Angélique, nous avons vite appris à nous connaître et avons instauré une relation basée sur le respect. Et puis, en tant qu’association d’aide alimentaire, nous ne pouvons plus nous contenter de recevoir, nous devons aller chercher les produits… C’est aussi ça, le glanage. »
Nadège, glaneuse régulière, partage le même enthousiasme.
« Le glanage m’a fait sortir de chez moi, découvrir et apprendre des choses : comment poussent les endives, comment ramasser la mâche, comment se nourrir correctement… ».
Car les glanages, c’est aussi l’occasion d’échanger, et notamment des recettes pour préparer les légumes frais, que bon nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire ne savent pas cuisiner.

Créateur de lien social

Sylviane Pralus, présidente de la MSA Côtes Normandes, organise depuis 2018 des opérations de glanage en lien avec le lycée agricole de son territoire et les bénéficiaires des Restos du Cœur. La journée d’intégration des élèves de première année de BTS se déroule d’ailleurs sur un chantier de glanage et donne lieu à une rencontre festive. Même retour d’expérience sur le campus de Paris-Saclay qui réunit près de 30 000 étudiants. En septembre, 800 kg de potimarrons ont été ramassés par une soixantaine d’étudiants. Un bon début pour une opération qui, selon Pierre Joutard, directeur général adjoint de l’EPA Paris-Saclay, a créé du lien social entre les étudiants, dont certains sont eux-mêmes bénéficiaires de l’aide alimentaire, et a renforcé le sentiment d’appartenance au territoire.

Le maître mot d'un glanage, c'est la simplicité.

Motivation et huile de coude

Pour tous, producteurs, glaneurs, responsables d’associations, établissements scolaires ou universitaires, partenaires institutionnels, le bilan est positif et les opérations de glanage seront poursuivies et développées. Sylviane Pralus soulignait d’ailleurs leur facilité de mise en œuvre.
« Le maître mot d’un glanage, c’est la simplicité.  Certaines actions de solidarité sont parfois compliquées à organiser. Le glanage, c’est tout simple : ça coûte peu d’argent et avec un peu de motivation et d’huile de coude, on obtient de bons résultats. »

Pour encourager cette pratique, SOLAAL met à disposition des différents acteurs un modèle de convention qui rappelle les droits et les obligations de chacun. Si vous souhaitez organiser une opération de glanage, autoriser un chantier sur l’une de vos parcelles ou simplement en savoir plus sur l’encadrement requis et la logistique à mettre en place, n’hésitez pas à contacter l’association SOLAAL.

Créée par les acteurs du monde agricole, SOLAAL a pour mission de faciliter et d’organiser les dons des filières agricole et alimentaire vers les associations d’aide alimentaire. Il ne s’agit pas d’intervenir à leur place mais d’augmenter les apports en produits frais pour améliorer l’alimentation des personnes les plus démunies. SOLAAL propose au donateur, souvent pris par son activité, de se charger de la répartition de ses produits auprès des associations.

SOLAAL en chiffres, depuis 2013 :

  • 58 millions de repas
  • 4 millions de bénéficiaires
  • 29 000 tonnes de produits donnés dont 97 % de produits frais
  • 171 glanages réalisés

Le Groupe AGRICA est membre bienfaiteur de SOLAAL.
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Engagé depuis neuf ans dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, le Groupe AGRICA lance l’édition 2023 des Trophées « Gaspillage alimentaire, le temps des solutions ». Que vous représentiez une entreprise, une collectivité ou une association, vous avez jusqu’au 15 mai 2023 pour remplir votre dossier et le faire parvenir par mail à trophees@groupagrica.com.

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