Performance, attractivité, fidélisation : la protection sociale complémentaire collective, un atout majeur ?

3 novembre 2021

Par ses effets généralement visibles à long terme, la couverture sociale collective répond davantage à un enjeu de fidélisation que de motivation à l’embauche. C’est ce qui ressort d’une table ronde organisée par AGRICA au SPACE le 6 septembre dernier.

C’est un sujet aujourd’hui stratégique : le monde agricole peine à recruter. Dans ce contexte, la protection sociale complémentaire collective apportée par les entreprises, est-elle source d’attractivité, de motivation et de fidélisation ? Pour répondre à cette question, le Groupe AGRICA organisait en septembre dernier au SPACE * une table ronde au cours de laquelle représentants employeurs et représentants salariés ont débattu de la question. Leur point commun : avoir participé à la mise en place d’un régime de retraite supplémentaire pour tous les salariés non-cadres de la production agricole (voir ci-dessous). Un exemple de la dynamique du dialogue social et paritaire pour illustrer le propos puisque depuis le premier juillet, plus de 200 000 salariés non-cadres disposent du même régime que celui dont bénéficient les cadres depuis plus de 60 ans.

Une avancée sociale majeure

Avec une cotisation de 1 % répartie à parts égales entre entreprise et salarié, Pierre Jardon, représentant CFTC-AGRI, donne une estimation. "Un salarié qui partirait à la retraite à 62 ans après avoir cotisé pendant 20 ans avec un salaire brut annuel de 22 000 € obtiendrait une rente de 230 € par an, ou un capital de 7 000 €." Pour Franck Tivierge, secrétaire national FGA-CFDT, si la somme peut paraître faible, elle est loin d’être anodine pour un salarié proche du SMIC.  "Toutefois, ajoute-t-il, ces accords ont pour but d’augmenter l’attractivité des métiers et s’adressent davantage aux jeunes qui cotiseront pendant plusieurs dizaines d’années." Pour Jérôme Volle, vice-président FNSEA et de GROUPE AGRICA, l’enjeu est d’installer une vraie dynamique positive qui incite les employeurs à se préoccuper de l’avenir de leurs salariés. "C’est un pied dans la porte vers une avancée sociale majeure, explique-t-il. Le cadre que nous instaurons à l’échelle nationale, par un dialogue paritaire, engendre le dialogue au sein de l’entreprise."

Il est urgent de redonner de l’attractivité à nos métiers si l’on veut conserver notre agriculture.

La force du dialogue social

Philippe Largeau, président de la commission sociale de la fédération nationale des entrepreneurs des territoires, n’hésite pas pour sa part à parler d’accords historiques. "La mise en place de cette retraite supplémentaire témoigne d’une volonté paritaire d’avancer pour le bien de nos salariés. Les employeurs que nous représentons sont à la tête de petites entreprises : nous avons une relation profondément humaine avec nos salariés." Un argument repris par Pierre Jardon qui souligne la force du dialogue social dans l’agriculture où 90 % des entreprises ont moins de 10 salariés et où la négociation de branche est le seul espace dans lequel le dialogue peut avoir lieu. "Dans le passé, nous avons signé beaucoup d’accords alors que la loi ne l’obligeait pas. En 2008, par exemple, nous avons permis à tous les salariés d’être couverts par une complémentaire frais de santé et une prévoyance lourde."

Pour autant, des accords comme ceux qui viennent d’être signés rendent-ils les entreprises agricoles plus attractives ? "On constate aujourd’hui, rappelle Pierre Millet, représentant CFE-CGC et vice-président de la CPCEA, que l’on ne trouve plus de personnel qualifié pour effectuer le travail nécessaire. Il est urgent de redonner de l’attractivité à nos métiers si l’on veut conserver notre agriculture."

Des avantages sociaux qui fidélisent

Une chose est certaine : lors des recrutements, on ne parle pas de ces sujets. Philippe Largeau évoque des candidats "qui sont là par passion, qui s’interrogent en priorité sur l’environnement de travail, les machines, avant de parler salaire et conditions de travail." Même analyse de la part de Jérôme Volle qui admet que les candidats choisissent d’abord un secteur, une entreprise. La couverture sociale ne s’apprécie que dans un deuxième temps, au moment où le problème survient. "Dans nos accords, nous mettons en place des outils pour que le salarié puisse faire face à un problème au moment où il arrive. C’est à ce moment-là que ces décisions prennent leur sens, et non pas au moment de l’embauche."

Autour de la table, les intervenants partagent cette analyse, que résume ainsi Franck Tivierge : "À défaut d’attirer de la main-d’œuvre, on peut espérer que les avantages sociaux fidélisent les salariés de notre branche."

Quant à la question de l’évolution de ces accords, représentants des salariés et représentants des employeurs ont des points de vue plus divergents, ce qui augure déjà de la richesse de leurs futurs échanges. Pour Pierre Jardon, la vocation d’un système de retraite supplémentaire est de compléter la retraite complémentaire. "Si l’on veut être à la hauteur de cet enjeu-là, il faudra donner de la puissance à cet accord." Jérôme Volle, rappelle quant à lui qu’il reste encore du chemin à parcourir avant d’envisager la suite. "Mon premier souci, c’est que la totalité des non-cadres soit couverte, et que toutes les entreprises aient rempli leurs obligations. Aujourd’hui, c’est encore un défi."

* Salon international des productions animales

"Nous avons pu proposer un système de retraite par points, parce que c’est un régime qui a été développé pendant plus de 60 ans pour les salariés cadres. Il est doté aujourd’hui d’une stabilité financière forte : il représente 1,2 milliard d’euros d’engagements. Tout un savoir-faire a été accumulé pour valoriser l’épargne d’AGRICA, ce qui permet chaque année au conseil d’administration de déterminer si la valeur du point doit être revalorisée. Et ceci à des niveaux souvent très avantageux, comme nous le constatons depuis de nombreuses années."

Depuis le 1er juillet 2021, tous les salariés non-cadres ayant plus de 12 mois d’ancienneté continue au sein des entreprises et exploitations de la production agricole, des coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) et des entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers (ETARF) doivent bénéficier d’un régime de retraite supplémentaire à cotisations définies exprimé en points.
Une cotisation obligatoire conventionnelle de 1 % s’applique désormais sur la totalité du salaire, répartie à raison de 0,50 % pour l’entreprise et de 0,50 % pour le salarié.

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