Jean-Christophe Billou, Directeur de la Fédération nationale des Marpa : « Les Marpa, un subtil mélange entre liberté et sécurité… »

Développées par les MSA en 1987, les Marpa sont des petites résidences qui accueillent dans un logement indépendant des personnes fragilisées mais encore autonomes, tout en leur offrant une vie sociale et un environnement sécurisé.  Constituant un réseau de 200 établissements dans toute la France, essentiellement en milieu rural, ces maisons de retraite pas comme les autres ont depuis longtemps prouvé l’efficacité d’un modèle où il fait bon vivre, entre vie à domicile et vie en communauté. La crise sanitaire, qui a durement touché certains établissements, a permis aux Marpa de prouver une nouvelle fois leur pertinence. Fin mai, 20 personnes seulement étaient atteintes du COVID-19 et 8 décès étaient à déplorer parmi une population de 4 700 résidents.

AGRICA & Vous a interrogé Jean-Christophe Billou, directeur de la Fédération nationale des Marpa sur les spécificités des Marpa dont le Groupe AGRICA est, depuis le début, un partenaire indéfectible.

En quoi le modèle Marpa est-il original ?

La première spécificité des Marpa, par rapport à d’autres résidence autonomie ⁽¹⁾, c’est leur taille : ce sont de petites structures de 24 places, pouvant désormais aller jusqu’à 30 places, qui proposent à leurs résidents un mode de vie familial et convivial tout en préservant leur indépendance. Il existe d’ailleurs un label Marpa avec un cahier des charges précis auquel chaque établissement doit répondre : des repas préparés sur place sept jours sur sept, une gestion non lucrative, une vie quotidienne ponctuée par des activités collectives, mais aussi une homogénéité architecturale avec des maisons de plain-pied et des appartements indépendants.

La Marpa, c’est un subtil mélange de liberté et de sécurité. Chacun est libre de prendre ou non ses repas dans la salle à manger, de participer ou non aux animations, tout en bénéficiant de la sécurité apportée par l’établissement. Le label prévoit un système de téléassistance pour chaque résident et du personnel est prêt à intervenir de jour comme de nuit en cas de problème. Certains seniors arrivent parfois avec une grande fragilité puis reprennent peu à peu goût à la vie et regagnent de l’autonomie. Le concept est donc d’une efficacité formidable !

L’attachement au monde rural, qui prévalait à leur origine, est-il encore présent ?

Oui, tout à fait. A l’origine, l’objectif de la MSA était de permettre aux personnes âgées en milieu rural de rester dans leur région, sur leur territoire. La quasi-totalité des Marpa est d’ailleurs aujourd’hui implantée en milieu rural. Depuis quelques années, cependant, elles souhaitent se développer en zone péri-urbaine où de nouveaux besoins émergent avec la diminution des services et l’apparition de déserts médicaux. Or, elles sont justement conçues pour accueillir des personnes fragilisées par la solitude géographique et l’isolement social.

Le bilan des Marpa face à la crise est satisfaisant. Quelle est votre analyse ?

L’ensemble du personnel a relevé le défi et s’est mobilisé pour continuer à accompagner les résidents. Je tiens à le remercier et lui rendre hommage pour le travail accompli.

Cette bonne gestion de la crise sanitaire s’explique aussi par la structure-même des établissements : un nombre de places réduit, des appartements spacieux qui ont facilité le confinement et qui disposent tous d’un accès privatif, donnant sur une terrasse ou un jardinet, avec un cheminement extérieur. Grâce à cette configuration architecturale, dès le 10 avril, les visites des familles ont pu reprendre en toute sécurité, soit 10 jours avant l’annonce gouvernementale.

Quelles sont les pistes d’innovation pour l’avenir ?

Les Marpa ont pour objectif de s’ouvrir encore davantage vers l’extérieur, avec l’ambition de devenir de véritables plateformes de services sur les territoires par exemple en accueillant des seniors à la journée, le temps du déjeuner, des activités et du dîner, puis en les raccompagnant le soir chez eux où la téléassistance, connectée à la centrale de la Marpa, prend alors le relais. Il s’agit d’une prise en charge globale des seniors du territoire. Dans le même ordre d’idée, certaines Marpa développent des services d’auto-partage : un véhicule électrique est mis à disposition des résidents, de leurs familles ou des séniors extérieurs pour leur déplacement personnel. Cela leur donne une liberté de mouvement que ne leur procurent pas les transports en commun. Et puis cela permet de faire venir du monde à la Marpa pour qu’elle soit plus que jamais un lieu de vie, de rencontre et de lien social.

En savoir plus

Je fais de la gymnastique, du shiatsu, peut-être bientôt du yoga, je ne vois pas le temps passer ! Ici, je suis très heureux. On est comme une petite famille. On est très bien accueilli et on est rassuré.

(1)    Résidences autonomie : comprenant à la fois des logements individuels privatifs et des services collectifs, les résidences autonomie représentent une alternative entre le maintien à domicile et l’ehpad.

Crédits photos Juliette Jem