Aidants salariés : les « travailleurs de l’ombre »

17 février 2021

Deux journées en une, voilà souvent le lot des salariés qui aident au quotidien un proche dépendant. Charge mentale, problèmes de santé, impacts sur la vie professionnelle, faisons la lumière sur ces nombreux et trop discrets « travailleurs de l’ombre » qui peuvent eux aussi se faire aider.

Cet article est issu de la webconférence organisée par l’action sociale du Groupe AGRICA au sein du Crédit Agricole de Charente Périgord en partenariat avec l’association Nouveau Souffle(1) expert des transitions de vie et de l’accompagnement des aidants.

Un salarié sur six est aujourd’hui un aidant. Selon le code de l’action sociale et de la famille, ce terme désigne « une personne qui aide un proche, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir toute ou partie des activités de la vie quotidienne ». En 2030, un salarié sur quatre devrait être concerné.

20 h par semaine…

Préparation des repas, ménage, courses, démarches administratives, rendez-vous médicaux, toilette… ou simple présence, la liste des tâches qui incombent à l’aidant est longue. Au total, 88 % des aidants consacrent 20 h par semaine à l’aide apportée à leur proche. Ils en paient parfois le prix fort : soumis au stress, à la fatigue, à une charge mentale et psychologique lourde, ils sont 57 % à déclarer connaître des problèmes de santé et 65 % rencontrent des difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle (45 % pour l’ensemble des salariés).

S’ils sont souvent seuls pour s’occuper du proche dépendant, ils ne sont pourtant pas prêts, à 69 % à se faire remplacer. Plus étonnant encore : que ce soit par manque d’information ou par déni, six sur dix ne se reconnaissent pas dans ce statut d’aidant, tant cela leur paraît naturel. Mais l’est-ce pour autant…?


L’aidé d’abord, l’aidant ensuite

En toute logique, c’est le manque de temps qui leur semble le plus pesant, suivi de près par la fatigue physique et la complexité des démarches administratives. Entre charge mentale et responsabilité pesante, la relation aidant-aidé est souvent déséquilibrée. La priorité est et reste « l’aidé d’abord » et prime sur la vie personnelle de l’aidant et sur son travail. De plus, chaque configuration apporte son lot de difficultés associées. La composition de la famille en est une : difficile pour un enfant unique, de s’occuper seul de ses vieux parents. Mais il peut être tout aussi compliqué, dans une fratrie, d’être l’enfant le plus proche géographiquement ou au contraire le plus éloigné. Il en est de même de la situation familiale. Un célibataire aura des difficultés à poser des limites tandis qu’une mère de famille devra se partager entre ses différentes obligations. Quelle que soit la situation, il est bien difficile pour l’aidant de ne pas éprouver un sentiment de culpabilité.

Dans ces conditions, comment les aidants salariés parviennent-ils à concilier vie professionnelle et vie personnelle ? Et à quel prix ? Contrairement à ce qu’on l’on pourrait penser de prime abord, avec une moyenne de 16 jours par an (hors congés), les aidants ne s’absentent pas plus que leurs autres collègues. En revanche, 40 % d’entre eux déclarent avoir connu un manque d’efficacité en raison du stress et de la fatigue, et 15 % estiment avoir été pénalisés dans leur progression professionnelle, le plus souvent d’ailleurs par leur propre refus d’une évolution.

De nombreux dispositifs

Est-ce pour cela que la majorité des aidants n’informent pas leurs collègues et encore moins leur employeur de leur situation ? À ce jour, entre aidants qui s’ignorent et ceux qui ne souhaitent pas en parler, seule une minorité bénéficie des dispositifs de soutien proposés parfois par les employeurs, tels qu’aménagement des horaires, suivi psychologique, soutien financier, dons de jours de RTT, etc. De même, des dispositifs légaux se développent désormais comme des congés spéciaux qui ne peuvent être refusés ou reportés par les employeurs. Citons le congé de proche aidant, ouvert à tout salarié qui s’occupe d’un proche lourdement dépendant, le congé de présence parentale pour accompagner un enfant malade ou handicapé, ou encore le congé de solidarité familiale pour rester auprès d’un proche en fin de vie.

Depuis 2015, la loi introduit peu à peu de nouveaux droits pour les proches aidants, comme le droit au répit, intégré à l’APA (aide pour l’autonomie) ou l’aide ponctuelle en cas d’hospitalisation de l’aidant qui ne peut être remplacé. D’autres types d’aides et de prestations sont possibles, centrés soit sur le proche en perte d’autonomie, soit sur l’aidant. Bien se renseigner est donc indispensable : auprès des services publics, auprès des institutions médicales, mais aussi du monde associatif qui regorge de structures généralistes ou spécialisées.

Pour connaître les différents dispositifs proposés par AGRICA

Si vous êtes en situation d’aidant, n’hésitez pas à contacter l’action sociale du Groupe AGRICA qui étudiera de manière personnalisée votre situation :
-    Par mail : actionsociale@groupagrica.com
-    Par tél :


 

(1)Nouveau Souffle est une association créée par des professionnels de la relation d’aide, qui soutient les personnes confrontées à la perte d’autonomie. Elle propose notamment une démarche d’accompagnement personnalisé aux aidants.

Sources : Association Nouveau Souffle, Malakoff Médéric, Ministère des affaires sociales et de la santé, baromètre Aidants April2020, Panel Novartis/BVA « les aidants familiaux en France ».

Claudine Sardier, responsable de l’action sociale du Groupe AGRICA

« Le Groupe AGRICA, par le biais de son action sociale, a investi depuis longtemps la thématique de l’aide aux aidants et en a fait un axe prioritaire. C’est une première, cependant, de s’adresser aux salariés aidants par l’intermédiaire de leur entreprise ! La webconférence que nous avons proposée au Crédit Agricole Charente Périgord fait partie d’un dispositif en deux temps. Elle va en effet être suivie par des ateliers flash « entr’aidants » qui réuniront en distanciel un coach et trois aidants pour leur permettre d’échanger sur leur situation respective. Notre souhait est de pouvoir maintenant proposer ce dispositif à d’autres entreprises adhérentes. »

Plus d’infos sur ce dispositif : contactez Safia Slimane au 01 71 21 50 32.

-    Monâgevillage AGRICA : une plateforme pour les aidants qui vous aide à trouver l’information pratique près de chez vous ;
-    Plateforme de soutien psychologique : une plateforme de soutien et d’accompagnement pour les aidants confrontés aux difficultés et au stress engendrés par la crise sanitaire ;
-    Ma boussole aidant : une plateforme pour vous aider à trouver des informations fiables et des aides personnalisées ;
-    Plateforme Alzheimer ensemble : un collectif pour soutenir et accompagner des initiatives inspirantes et relever le défi Alzheimer ;
-    Repairs aidants : accompagne les aidants de personnes en situation de handicap à travers des actions de sensibilisation-formation

Les sites de référence officiels :
https://www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr/
https://handicap.gouv.fr/
www.service-public.fr

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