Bruit et santé auditive au travail : les leçons de la crise sanitaire ?

22 novembre 2022

Il existe bien un avant et un après « crise sanitaire » dans la manière dont les salariés ont pris conscience de la gêne occasionnée par le bruit dans leur environnement de travail. C’est l’un des principaux enseignements du nouveau baromètre (1) Bruit Ifop-JNA (2) réalisé à l’occasion de la semaine « santé auditive au travail », en octobre dernier.

Un actif sur deux déclare être gêné par le bruit au travail. Fait étonnant : les actifs du commerce devancent ceux des secteurs traditionnellement cités comme l’agriculture, l’industrie ou le BTP. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le télétravail ne résout pas le problème puisque 56% des télétravailleurs se disent encore gênés par le bruit...

Haro sur les comportements

Si le bruit provenant de l’extérieur des locaux est considéré comme première source de gêne au travail (35 % des interrogés), les comportements humains sont souvent cités :  les allées et venues (28 %), les conversations entre collègues (27 %) et les conversations téléphoniques ou en visioconférences (24 %). Les scores sont presque toujours supérieurs chez les télétravailleurs réguliers.

La gêne du bruit pèse de plus en plus sur l’ambiance de travail : elle est jugée responsable d’incompréhensions avec le management (48 %), de tensions au sein des équipes (41 %) et d’agressivité dans les échanges (45 %).

Des répercussions sur la santé

Les impacts sur la santé sont de plus en plus évoqués. Pour les actifs interrogés, les nuisances sonores sont sources de gêne de compréhension de la parole (48 %), de sifflements et bourdonnements (39 %), de surdité (34 %), de stress (56 %), de fatigue (66 %), de troubles du sommeil (39 %) ou d’hypertension artérielle (30 %). Au global, ce sont plus des trois quarts des actifs qui mettent en exergue au moins une de ces répercussions et ce, pour des catégories de population très diverses, signe que les nuisances sonores peuvent survenir dans des environnements de travail très différents.

Un seuil de tolérance plus faible depuis la crise

Pourtant, les réactions des employeurs comme des actifs eux-mêmes demeurent timides. Les solutions mises en place par les entreprises restent classiques et peu développées. De leur côté, une majorité d’actifs (58 %) se trouvent démunis et déclarent ne pas savoir comment réagir en cas de forte exposition sonore à leur poste de travail.

Dans ce contexte, la stratégie d’évitement face au bruit peut primer sur une démarche de protection. 53 % des télétravailleurs regrettent de venir travailler sur site en raison du bruit et des nuisances sonores. Ce constat confirme qu’il existe bien un avant et un après crise sanitaire et que le seuil de tolérance de certains actifs aurait ainsi diminué depuis le développement du télétravail.

(1) Enquête réalisée en septembre 2022 auprès d’un échantillon de 1 118 personnes représentatives de la population française active.
(2) L’association JNA est une association gérée par des experts scientifiques et médicaux et des acteurs de la prévention. Elle fédère l’ensemble des acteurs de la prévention et de la santé auditive et organise chaque année en mars la Journée Nationale de l’Audition. Elle a également créé des modules de sensibilisation dédiés aux dirigeants et managers pour une approche plus globale de l’audition en entreprise.

 

Amandine Vella, référente santé au travail, handicap et diversité au Crédit Agricole Technologie et Services.

Vous proposez chaque année aux salariés de vos différents sites des actions autour de l’audition. Pourquoi ce choix ?

C’est une thématique qui concerne tout le monde et qui représente peut-être l’un des premiers motifs de demandes de RQTH* en entreprise. L’audition, quand on l’a perdue, on ne peut pas revenir en arrière… Il est important de sensibiliser les salariés à cette question, que ce soit à titre préventif, pour les inciter à se protéger du bruit, ou que ce soit pour qu’ils sachent vers qui se tourner en cas de problème ou de question.

Concrètement, quelles actions de prévention mettez-vous en place ?

Nous organisons tous les ans et sur chacun de nos sites une journée de prévention santé. Lors de ces journées, en partenariat avec l’équipe prévention du Groupe AGRICA, nous accueillons un audioprothésiste et nous proposons aux salariés de tester leur audition, de manière confidentielle bien sûr. Ces rendez-vous, que nous organisons depuis quatre ans, rencontrent un grand succès auprès des salariés de tout âge. Nous avons aussi testé un dispositif en ligne, auquel certains collaborateurs ont accédé depuis leur poste de travail. Mais les rendez-vous en présentiel avec les conseils de l’audioprothésiste restent quand même plus appréciés.

Au quotidien, nous prêtons aussi beaucoup d’attention à l’environnement de travail. Nos collaborateurs sont par exemple équipés de casques audio qui filtrent le bruit ambiant, ils disposent de « bulles », pour s’isoler si besoin, et les postes de travail sont suffisamment éloignés les uns des autres.

Quel bilan faites-vous de ces actions ?

Les rendez-vous avec les audioprothésistes sont confidentiels, nous ne pouvons donc pas savoir si les recommandations qu’ils font, et notamment d’aller consulter un ORL, sont suivies d’effets mais nous savons que les salariés se montrent globalement très satisfaits de ce que nous leur proposons en termes de santé et de qualité de vie au travail. De plus, ils savent qu’ils peuvent venir me voir ou s’adresser, sur leur site, à leur correspondant de proximité handicap. C’est important de savoir vers qui se tourner en cas de question sur sa santé auditive.

* RQTH : reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé

Que ce soit dans vos locaux ou à distance, en ligne, le Groupe AGRICA et ses experts prévention peuvent proposer à vos salariés une campagne de dépistage des troubles auditifs.
Si vous choisissez le mode présentiel, un professionnel de l’audition mobilisé par l’association JNA se rend dans votre entreprise pour réaliser des tests de dépistage (près de 30 tests en une journée) et conseiller les salariés sur la conduite à tenir.
En distanciel, grâce à une plateforme de dépistage en ligne, développée en collaboration avec l’INSERM de Montpellier, les salariés peuvent tester leur audition en repérant leurs gênes de compréhension de la parole dans le bruit. En présentiel, comme en distanciel, l’objectif est d’inciter les salariés à prendre conscience de leur éventuelle perte auditive et à aller, si besoin, consulter un ORL.
Au-delà de ces actions de dépistage, les experts prévention AGRICA peuvent aussi organiser dans votre entreprise une conférence ou un atelier pour expliquer les mécanismes de l’audition et partager les bonnes pratiques pour prendre soin de ses oreilles.

Pour organiser une action de prévention de l’audition auprès de vos salariés, contactez l’un de nos experts qui se mettra à votre disposition.

Par mail :  prevention.blf@groupagrica.com
Par téléphone :

pvlc1zjlvt-phpx4r0mj

Sujet liés